LA SONORITE DE LESCONIL

Des enquêtes scientifiques internationales à Lesconil

Par Nicolas BUANIC

 De 1961 à 1965 se déroula à Plozévet une vaste enquête scientifique, qui conféra à cette modeste commune une renommée à l’échelle nationale. La chose est moins connue : il y a de cela un demi-siècle, en 1975, une enquête scientifique internationale conduite par des Canadiens eut pour cadre Lesconil ; mieux encore, elle y fut renouvelée 25 ans plus tard, en l’an 2000. Elle fit même des émules : en 1980, puis en 2009, des Français recommencèrent l’expérience ! Il s’agissait d’explorer la sonorité de ce village original accoté à son port de pêche. Il nous en reste des écrits, mais surtout de précieuses captations sonores ; elles nous restituent l’ambiance sonore des lieux à l’époque florissante de l’apogée de la pêche au chalut. Dans ce qui suit, le terme de port, appliqué à Lesconil, est à entendre dans son acception moderne : il désigne l’anse comprise entre le long brise-lames à l’ouest et le terre-plein est, à l’exclusion du Ster-Nébilic notamment.

I] L’enquête internationale de 1975 : le World soundscape project

A) Murray Shafer

            A l’origine de cette aventure intellectuelle est un pionnier : le compositeur et écrivain canadien Murray Schafer (1933-2021), père fondateur de l’écologie acoustique, qui popularisa le concept fécond de soundscape. On a traduit improprement ce néologisme de la langue anglaise par « paysage sonore » ; or tout paysage est sonore. Soundscape désigne plutôt les sons qu’émet un paysage, un lieu donné : la sonorité du paysage, la sonorité ambiante.

            En tant que musicien, doté d’une ouïe sensible, Schafer était très préoccupé par l’intensité des sons de la vie contemporaine ; dans les villes en particulier, il était effaré de la multiplication, la fréquence, la force des bruits de moteurs, ainsi que de la musique moderne amplifiée électriquement. Epris d’écologie, il se désolait de constater que le vacarme des sociétés occidentales étouffe les sons de la nature : « Avec le temps, de plus en plus d’invasions dans la vie des communautés vont détruire le paysage sonore originel ». En cela, il n’était guère original. Mais, convaincu que la modernité provoque une dégradation de la qualité acoustique des milieux de vie humaine, qu’elle plonge les hommes dans un environnement phonique agressif et saturé, Schafer se donna pour dessein d’en étudier les effets sonores à l’échelle mondiale en fondant en 1969 une vaste enquête scientifique intitulée World soundscape project, c’est-à-dire un projet mondial de sonorité des paysages, dans lequel il étudiait le son sous les points de vue scientifique, social et artistique.

           Pour ce faire, il élabora des outils scientifiques d’analyse de la sonorité ambiante. Armé de microphones, d’appareils de mesure et d’enregistrement sonore perfectionnés, il se mit en quête et parcourut le monde. Il s’intéressa à l’évolution acoustique des milieux depuis les temps les plus reculés. Attendu que les premières prises de son encore conservées de nos jours ne remontent guère en-deçà de 1890, Schafer s’appuya sur la littérature pour retracer l’histoire du son. Il en conclut que, dans cette histoire, l’ère industrielle, à partir du XIXe siècle, représente un choc immense, du fait de la multiplication des bruits de moteurs. Il se fit le chantre et le défenseur de la diversité des milieux sonores, de leurs richesses, qu’il entendait protéger contre le brouhaha des moteurs et de la musique électriquement amplifiée.

Schafer se pencha sur la relation de l’homme à son environnement acoustique. Selon lui, la « pollution sonore » débute lorsque l’homme, gêné par un excès de bruit, tel que le bruit de fond de la circulation automobile, ou celui de l’aviation, apprend à ignorer ce fond sonore. La conséquence de cette adaptation est que l’homme perd beaucoup en attention auditive à l’égard de son environnement ; le sens de l’ouïe se ferme alors peu à peu à la perception fine du milieu ambiant.

B) L’enquête du World soundscape project en Europe

            De février à juin 1975, Schafer, à la tête d’une équipe d’une demi-douzaine de scientifiques canadiens du World soundscape project, se lança dans l’exploration de la sonorité des paysages d’Europe de l’ouest. Il s’agissait de récolter des données, des mesures, des relevés d’écoute, des captations sonores statiques in vivo, en vue de les comparer à son premier champ d’étude, la ville de Vancouver en Colombie britannique (Canada).

            Schafer se proposait d’étudier les différents types, volumes et rythmes des sons audibles à l’intérieur de cinq villages choisis dans cinq pays différents (Suède, République fédérale d’Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, France), puis d’établir la relation qui unit ces sons à la géographie et à la vie propres de chaque village. Les critères principaux du choix des villages étaient une population inférieure à 3.000 habitants, ainsi qu’une activité économique ou sociale dominante, différente dans chacun d’eux : un village industriel, un village agricole, un autre village agricole en voie d’industrialisation, un village bâti autour d’une école renommée, enfin un port de pêche. En outre, ils devaient tous être éloignés des grandes routes, sans contiguïté avec une autre agglomération ; leur habitat devait être groupé, de telle sorte que les activités du village constituassent les principaux événements sonores dans leur paisible arrière-pays ; parmi ces derniers, on attendait quelques signaux acoustiques distinctifs, des sons locaux originaux, typiques. Il fallait des communautés présentant une homogénéité, une grande cohésion et une vie sociale intense. Enfin, l’enquête réclamait d’y trouver un interprète indigène maîtrisant le dialecte local tout en parlant couramment l’anglais.

            Dans le détail, la méthode consistait à :

  • Enregistrer et mesurer les signaux sonores du village
  • Dessiner des cartes de ses principales sources sonores
  • Enregistrer tous les sons « anciens », c’est-à-dire ceux qui étaient considérés comme des survivances menacées de disparition à brève échéance
  • Faire des enregistrements prolongés d’ambiances sonores caractéristiques
  • Mesurer régulièrement le niveau sonore ambiant, diurne et nocturne, à l’intérieur et à l’extérieur du village
  • Enumérer les sons émis par chaque mode de locomotion et mesurer la fréquence de leur apparition
  • Dresser la liste des sons entendus en plein air à l’intérieur du village à différents moments de la journée
  • Organiser une séance d’écoute dans les écoles, au cours de laquelle il est demandé aux enfants de faire la liste de leurs sons favoris et détestés parmi ceux qui sont audibles dans le village
  • Réaliser des entretiens avec des anciens au sujet des sons disparus et de l’ambiance sonore de jadis
  • Etudier particulièrement toutes les caractéristiques originales de la sonorité du village. Une attention spéciale était portée à l’architecture, aux matériaux de construction, ainsi qu’aux revêtements de la voie publique, comme éléments déterminants de l’ambiance acoustique locale, de par leurs pouvoirs d’émettre, d’absorber, de réverbérer le son.

Deux livres, rédigés en langue anglaise, furent entièrement consacrés à cette enquête de 1975 faite en Europe :

  • SCHAFER (Murray), éd. : Five Village sounscapes, Vancouver, 1977. (« Cinq ambiances sonores villageoises »). Cet ouvrage regroupe, sous forme de statistiques richement commentées, les résultats de l’enquête. Quelques-uns des graphiques et statistiques relatifs à Lesconil y sont entachés d’erreur, du fait de la confusion, malheureusement banale, entre l’effectif de la population totale de la commune et celui des habitants du village de Lesconil. Le livre était vendu accompagné de bandes magnétiques de format commercial contenant des enregistrements sonores réalisés en 1975 dans les cinq villages. Il fut réédité en Finlande en 2009, accompagné de quatre disques sonores, dont deux contiennent des extraits des ces enregistrements (les enregistrements faits à Lesconil — et au phare d’Eckmühl à Saint-Pierre — en 1975 sont compris dans le disque portant le n°2 : sections 4, 5, 6) : JÄRVILUOMA (Helmi) et al., éd. : Acoustic environnments in change ; SCHAFER (Raymond Murray), éd. : Five village soundscapes, Tampere, 2009.
  • SCHAFER (Murray), éd. : European sound diary, Vancouver, 1977. (« Journal européen des sonorités » ou « Journal des sonorités d’Europe »). Ce livre est la compilation, faite par Schafer, des journaux individuels de voyage tenus par chacun des membres de l’équipe.

C) L’enquête à Lesconil

  1. Comment Lesconil fut-il choisi ?

            Il avait été décidé qu’en France, c’est un village de pêche qui serait étudié. A Paris, parmi les correspondants interrogés, les suggestions étaient si nombreuses que les Canadiens peinaient à y voir clair. Une fois écartée la Normandie, le choix se porta sur la Bretagne. A bord d’une camionnette, nos enquêteurs prirent la route vers cette destination en compagnie d’une Française en guise de guide. Le long du littoral nord, tous les villages recommandés furent éliminés en une journée, comme trop touristiques. Schafer et sa troupe firent alors route vers la côte méridionale, les oreilles aux aguets, jusqu’à arriver par hasard à Lesconil. Ce qui les frappa de prime abord, c’est la disposition des maisons en arc de cercle autour du port. Ils se rendirent compte en peu de temps que Lesconil répondait à leurs critériums. Le séjour, bref mais fructueux, se déroula du 11 au 17 avril 1975 inclusivement.

2) L’océan, les oiseaux, la voix humaine

            Parmi les sons d’origine externe audibles à Lesconil, l’équipe de Schafer remarqua d’emblée la rumeur lancinante, voire oppressante des flots, bruit de fond sans trêve que l’accoutumance rend souvent imperceptible aux naturels. En ce mois de printemps, le chant des oiseaux, omniprésent dans la journée, ne manqua pas d’éveiller l’attention des Canadiens. Par contraste avec le village italien précédemment étudié, la voix humaine ne paraissait point occuper une place prépondérante dans la sonorité de Lesconil ; Schafer et son équipe notaient avec intérêt combien ici il y avait peu d’interruptions dans les dialogues, combien peu les paroles des interlocuteurs se chevauchaient et s’entremêlaient.

3) Les vents solaires

            Les explications des gens de mer au sujet du phénomène naturel que constitue le cycle estival des vents solaires suscitèrent de la part des enquêteurs une vive curiosité. De bon matin, au départ des chalutiers du port, le vent soufflant de terre vers l’océan plus chaud (en surface), véhicule jusqu’au village, en provenance du nord, le tintement des cloches du bourg de Plobannalec ; vers 9 heures du matin — en 1975, l’heure légale en France était uniformément en avance de soixante minutes toute l’année sur l’heure du fuseau horaire —, ce sont celles du clocher de Loctudy au nord-est ; à 11 heures, on entend la bouée sonore au sud-est. A midi, ce sont les moteurs des chalutiers en pêche plein sud ; en effet, la température de la terre, réchauffée par les rayons du soleil, dépasse celle de la surface de la mer, d’où souffle alors la brise. Le soir, le vent tournant, orienté au noroît, fait entendre les cloches du bourg de Treffiagat.

4) Des sons disparus

            Nos savants relevaient comme caractéristiques du paysage de Lesconil des sons familiers qui ont disparu depuis lors. En particulier, la fameuse bouée sifflante magnétique, surnommée « la Vache », « ar Veuc’h » (« ar Vuoc’h » en breton littéraire), dont les longs et lugubres mugissements bovins, émis sous l’effet pneumatique de la pression qu’exerçaient sur elle les vagues par gros temps, parcouraient les tempêtes de sud-est. Un autre son disparu entre-temps est celui de la sirène émanant d’une trompe électrique perchée sur la halle à marée, qui signalait par deux longs appels, à cinq heures et demie du soir, le début de la vente du produit de la pêche à la criée.

Il est question également d’entendre de Lesconil, par grosse mer et vent d’ouest, le roulement des galets sur les grèves de la baie d’Audierne à Tréguennec, ou encore le bruit sourd de succion sorti d’une cavité rocheuse de la pointe de la Torche, censément audibles à quelque trente kilomètres de distance, jusqu’à Quimper. Il s’agit là de sons non pas perçus par les enquêteurs, mais décrits par leurs informateurs locaux ; cette perception, probablement impossible à Lesconil de nos jours, était, déjà en 1975, susceptible de ne plus l’être depuis plusieurs décennies, du fait soit du bruit de fond du trafic automobile, soit d’obstacles nouveaux à sa propagation. Enfin, nos scientifiques ne manquèrent pas de noter (et d’enregistrer in situ) le meuglement, par temps de brouillard, de la corne de brume du phare d’Eckmühl à Saint-Pierre en Penmarch, elle aussi disparue depuis 1975.

5) La valeur prédictive de la sonorité

Attentifs aux effets des sons naturels sur l’humeur, le moral, les émotions, sur le sommeil même des habitants, Schafer et ses assistants constataient avec intérêt à quel point les villageois, particulièrement les pêcheurs et leurs épouses, avaient l’art de déchiffrer les sons colportés par le vent, d’en discerner les nuances, de les interpréter en termes de changement de temps et de prévision météorologique à brève échéance. Par exemple, la direction de laquelle proviennent la rumeur du ressac ou le sifflement de certaines bouées magnétiques indique avec 24 heures d’avance la provenance des météores à venir. Combinée à des observations telles que la présence de goélands dans les terres, certains effets de l’atmosphère sous l’éclat du soleil, cet indice permet parfois d’anticiper de quelque 48 heures, avant même le baromètre, des modifications des conditions météorologiques. Nos scientifiques notaient également que les premiers coassements printaniers des grenouilles étaient, par concomitance, le signal de la migration des langoustines à proximité du littoral.

6) L’horizon acoustique

Toute cette sonorité en provenance de l’extérieur du village dessine les contours de ce que nos savants appellent l’horizon acoustique de ce dernier, c’est-à-dire le périmètre que délimitent les sources les plus lointaines des sons perçus à l’intérieur du village. Ils furent frappés de la précision de cet horizon auditif, ainsi que de la forte relation qu’entretenait avec lui la communauté villageoise. Des cinq villages étudiés, Lesconil présentait à leurs yeux l’horizon acoustique le mieux défini.

7) Le rythme acoustique  

A la fois par des mesures d’intensité des sons ambiants et par des dénombrements des déplacements humains faits en un lieu donné, nos scientifiques montrent à quel point le rythme acoustique quotidien du village est le reflet de la vie de sa communauté. A Lesconil, en 1975, le rythme quotidien, du lundi au vendredi (pour peu que les conditions atmosphériques et océaniques le permettent), est fait de deux pulsations. La première, modérée, est le départ des chalutiers pour le large, entre 4 heures et 6 heures du matin. Elle se compose, d’une part, du déplacement, pédestre ou mécanique, des marins en direction du port ; d’autre part, de l’appareillage des bateaux, et notamment du ronflement de leurs moteurs. La seconde, intense, sommet de l’activité et du trafic dans le village, est le retour des chalutiers, suivi de la vente à la criée de la marée, de 4 heures à 6 heures et demie du soir. En dehors de ces horaires, à l’instar de l’activité humaine qu’elle traduit, l’intensité sonore ambiante est faible.

8) Le bruit du trafic

Les scientifiques s’employèrent à faire des comptages du trafic en un point donné du port. Ils en concluaient que, à Lesconil, la circulation humaine était négligeable entre 9 heures du soir et 3 heures du matin. Il en ressortait également que, en 1975, dans le centre de Lesconil (centre économique et non centre géographique), le trafic des véhicules à moteur n’avait pas encore surpassé celui des cyclistes et des piétons — la marche de ces derniers était parfois relativement bruyante, du fait que nombre d’hommes portaient des sabots. Mais dans la périphérie, c’était l’inverse. Selon nos savants, le bruit du trafic automobile prédominant à Lesconil provenait de l’extérieur du village. Enfin, ils soumirent quarante écoliers de Lesconil à un questionnaire, leur demandant de classer les sons familiers du préféré jusqu’au plus détesté. Parmi les sons préférés, celui de la mer recueillait le plus de suffrages (37), suivi du chant des oiseaux (35) ; parmi les bruits déplaisants, les plus cités étaient ceux des automobiles (27 suffrages), ainsi que ceux des motocycles (25).

9) Cartographie de la sonorité

 A partir de toutes ces mesures, nos enquêteurs établirent une cartographie de la sonorité du village, figurant la manière dont les sons se distribuent géographiquement et mettant en évidence les zones de forte intensité sonore, tels le port et la place du marché (place de la Résistance).

L’étude des Canadiens montrait finalement en quoi la communauté villageoise de Lesconil façonne en partie, par ses activités, sa propre ambiance sonore et comment, en retour, cette dernière agit sur la vie même de la communauté, voire sur le psychisme des membres de celle-ci. Au-delà des simples description, mesure et classification scientifiques des sonorités de la communauté, Schafer et son équipe en arrivaient à une explication de leur fonction sociale.

10) Que contiennent les enregistrements sonores ?

            Il convient de préciser d’emblée que dans ces prises de son, conformément au projet initial, ce sont les ambiances sonores qui dominent, et non les paroles. Les captations sonores réalisées à Lesconil par les Canadiens totalisent quelque 4 heures 10 minutes, contenant ce qui suit :

1 – le débarquement de la marée sur le quai est, au son de la sirène de la criée ;

2 – la vente à la criée faite sous la halle à marée par le crieur André Morzadec

3 – les cloches de l’église de Lesconil en mouvement

4 – une messe à l’église de Lesconil en présence d’une centaine de fidèles, avec prières, chants, sermon, suivie d’une interview du recteur

5 – un match de football-association au stade municipal de Pont-Plad

6 – le travail du bois au chantier naval Le Cœur, suivi d’un dialogue avec deux charpentiers de marine

7 – l’ambiance sonore à l’intérieur de la taverne Ty an Aod : chants masculins interprétés sur place ; morceau de flûte joué sur place ; musique jouée par des disques phonographiques ; voix du patron, Gilbert Divanach, parlant français et breton ; voix de sa mère, Lisette Charlot veuve Divanach, chantant en langue bretonne Tri Martolod (Trois matelots) et Pardon Santez Anna (Le pardon de Sainte-Anne).

8 – l’ambiance sonore d’un champ à l’ouest de Lesconil : les chants d’oiseaux, le coassement des grenouilles, avec en arrière-plan la rumeur continue du ressac.

II] Le Questionnaire pour Lesconil de Yann Paranthoën en 1980

Les travaux pionniers de Schafer et son équipe eurent un retentissement universel. Ils aboutirent à un livre de synthèse publié en anglais :

            SCHAFER (Murray R.) : The tuning of the world (the soundscape), 1977,

traduit en français : Le paysage sonore, toute l’histoire de notre environnement sonore à travers les âges, Paris, 1979.

            En France, la question de l’écologie sonore suscitait quelque intérêt, notamment dans les milieux radiophoniques, concernés au premier chef par les travaux scientifiques relatifs à la sonorité. C’était particulièrement le cas au sein de l’institution de la radiophonie d’Etat nommée Radio-France et, à l’intérieur de celle-ci, à la station radiophonique appelée France-Culture. Pierre Tardy y avait réalisé, entre 1975 et 1980, une interview en langue anglaise de Schafer. Cette interview servit de prétexte à une nouvelle enquête sonore à Lesconil, accomplie par Yann Paranthoën.

A) Yann Paranthoën

            Jean dit Yann Paranthoën (1935-2005), fils adoptif d’un tailleur de pierres de l’Ile-Grande en Plomeur-Bodou, dans les Côtes-du-Nord, autodidacte, fut un ingénieur du son au service de la radiophonie française d’Etat, opérateur, monteur, puis réalisateur d’émissions hertziennes. Il s’illustra par son travail expérimental au sein de l’Atelier de création radiophonique de la station France-Culture à Paris. Il se signalait par son souci de la composition des œuvres radiophoniques, sa conception esthétique de la restitution phonographique du réel, sous la forme d’une « sculpture sonore ».

B) Questionnaire pour Lesconil

            De l’interview faite de Schafer par Tardy, Paranthoën retint quatre questions, posées en langue anglaise par Schafer en 1975 aux habitants de Lesconil. C’est ce qu’il nomma le questionnaire pour Lesconil. Ce fut le point de départ de son enquête sonore personnelle, accomplie sur place au début de l’année 1980.

            Quel était son propos ? Paranthoën entendait soumettre à l’appréciation des villageois les conclusions formulées par Schafer, confronter celles-ci à la « vérité quotidienne telle qu’elle est vécue par les pêcheurs, les habitants ». En outre, Paranthoën voulait, comme son prédécesseur, savoir si « l’instinct d’écoute de chacun ne se trouvait pas perturbé, perdu même par l’arrivée, depuis une vingtaine d’années, de sons nouveaux, sophistiqués, de bruits violents, agressifs et souvent éloignés de la nature ».

            Le résultat est un reportage sonore de 140 minutes intitulé Questionnaire pour Lesconil, lequel entremêle la voix de Schafer s’énonçant en anglais ; celle de son interprète dans la langue française ; celles des habitants s’exprimant soit en breton, soit en français ; celle de leur traducteur dans la langue française ; et enfin la sonorité ambiante, faite du glapissement des goélands, du clapotis des vagues, des vrombissements des moteurs d’automobiles, de chalutiers, du grincement des bicyclettes, du tintement des cloches de l’église, du hurlement de la sirène de la halle à marée, de la criée du poisson, des aboiements de chiens, du souffle du vent, etc. Paranthoën voulait conserver une trace acoustique d’un microcosme menacé de disparition rapide ; force est de constater, quelque 45 ans plus tard, la pertinence de sa vision et de son intention.

            Il s’agit d’un « essai radiophonique », d’une œuvre expérimentale, dont l’abord est assez déroutant. Paranthoën, modelant à sa fantaisie la pâte sonore, s’y complaît dans une démarche artistique de « sculpteur de sons » proche de la composition musicale, peu accessible au profane, au détriment de la valeur ethnographique du matériau. Les interviews sont restituées par tronçons, désarticulées, fragmentées, entrecoupées. Il est permis à ceux qu’intéresse l’aspect documentaire et non point esthétique de ces prises de son de rester insensibles, voire sceptiques à l’égard de tels jeux d’initiés, qui nuisent à la clarté et à l’intelligibilité du propos.

Ce travail fut diffusé pour la première fois par voie hertzienne le 23 mars 1980 au cours de l’émission de l’Atelier de création radiophonique de la station France-Culture. Il suscita l’enthousiasme au sein de son petit monde professionnel, au point qu’une version abrégée de ce reportage, d’une durée de 50 minutes, portant le même titre, fut couronnée en Italie, en septembre 1980, du prix Italia.

Les interviews portent sur le vent solaire ; la perception à Lesconil du fracas des lames sur la pointe de la Torche, du roulement des galets du cordon littoral de la baie d’Audierne ; la crainte de Schafer que l’aviation bouleverse la sonorité de Lesconil ; la limpidité de l’air du village comme conducteur du son avant-guerre. Elles contiennent des considérations originales, car oubliées de nos jours, au sujet de l’effet des techniques modernes de navigation sur la sensibilité auditive des marins. Ainsi, les appareils modernes de navigation, de même que les prévisions de la météorologie scientifique, rendent les gens de mer moins attentifs à leur environnement phonique, car celui-ci perd de son utilité prédictive. Autrefois, en pleine mer, on se guidait nuitamment à l’oreille, distinguant les écueils les uns des autres en fonction du bruit que produisait la houle à leur contact. D’autre part, le lourd ronronnement des moteurs des bateaux de pêche tend à tuer la conversation à bord entre les marins. Du temps de la navigation à la voile, l’équipage conversait davantage entre soi, car il n’en était pas découragé par le vacarme d’un quelconque moteur ; en outre, les canots de Lesconil n’étant pas pontés, il n’y avait pas moyen de descendre à fond de cale pour se soustraire à la présence de l’équipage. A cette époque, il n’était point rare, au large, par beau temps, d’entendre distinctement les dialogues qui se tenaient à bord des embarcations voisines. Mais la navigation à la voile n’en était pas pour autant silencieuse ; elle s’accompagnait du clapot des vagues contre l’étrave, du grincement des poulies, des craquements du mât, du souffle du vent dans les voiles, du gémissement des membrures sous une voilure trop forte, etc.

Les Lesconilois suivants prêtèrent leurs voix au Questionnaire de Paranthoën :

  • Patrons pêcheurs :
    • Louis Le Fur (Fleur de Lisieux)
    • Louis Dréau père (Maria-Cécilia)
    • Louis Dréau fils (Maria-Cécilia)
    • Bernard Toulemont (L’écho de la mer)
    • Maxime Guénolé (Mickaël)
  • Matelot : Pascal Hénot (Maria-Cécilia)

  • Crieurs :
    • André Morzadec
    • Michel Le Berre
    • Jean Le Saint

L’enregistrement d’une vente dans la criée de Lesconil (Avril 1975)

  • Autres :
    • M. et Mme Marchand, du Ridou
    • Ernest Le Donche, coiffeur sur le port
    • Louis Le Pape, peintre en bâtiment, rue Victor-Hugo aux Quatre-Vents
    • Henri Kerc’hom, rue Victor-Hugo aux Quatre-Vents
    • M. et Mme Le Coz, route de Brézéhan
    • Etienne Le Moigne

III] L’enquête internationale de l’an 2000

  1. Le projet scientifique « Acoustic environnments in change »

            Un quart de siècle après l’enquête de Schafer, une nouvelle équipe, dirigée par Mme Järviluoma, de l’université d’Abo en Finlande (appelée Turku en finnois), s’avisa de renouveler l’expérience sur le terrain, sous la forme d’un projet scientifique international d’ethnologie sonore, intitulé Acoustic environnments in change, c’est-à-dire environnements acoustiques en mutation. Il s’agissait d’évaluer la nature et l’ampleur de l’évolution de la sonorité ambiante dans chacun des cinq villages étudiés en 1975, auxquels il fut décidé d’ajouter un village de Finlande.

  • L’enquête à Lesconil

            A Lesconil, l’équipe scientifique comptait huit membres ; parmi eux, en sus des Finlandais et Danois, deux Français rattachés à un laboratoire de l’école nationale supérieure d’architecture de Grenoble, le Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain. Le séjour eut lieu du 27 avril au 5 mai 2000 inclusivement. Schafer était déjà revenu sur place l’année précédente, en compagnie de deux Finlandais. Les travaux consistèrent en prises de sons, prises de vues photographiques et cinématographiques, interviews, mesures et comptages acoustiques, descriptions écrites, etc.

            Du fait même de l’objet de l’étude, à savoir les évolutions de la sonorité du village, il n’était pas possible à nos enquêteurs de recommencer à l’identique l’intégralité du travail de Schafer. En effet, certains sons disparus depuis 1975, tel celui de la corne de brume du phare d’Eckmühl, ne pouvaient plus être enregistrés. Reproduire certaines expériences acoustiques de Schafer s’avéra hasardeux, faute d’une description suffisamment précise de sa part du mode opératoire. L’équipe de recherche ne s’interdit pas d’introduire dans son étude des expériences nouvelles : captation statique continue sur 24 heures consécutives, accompagnée de mesures acoustiques, de l’ambiance sonore du port ; débat dans un débit de boissons avec un groupe d’habitants sur l’évolution de la sonorité du village ; parcours d’écoute commentés par des villageois.

  • L’enquête dans les environs

            De même que la troupe de Schafer s’était autorisé une prise de son en dehors de Lesconil, au phare d’Eckmühl à Saint-Pierre, les nouveaux enquêteurs firent un enregistrement phonographique le dimanche 30 avril 2000 à la chapelle Saint-Brieuc de Plonivel ; cette dernière, bien que sise dans la même commune, ne saurait être assimilée au village de Lesconil. Ils procédèrent à d’autres captations de sons : au port du Guilvinec, à bord du chalutier Valparaiso ; en pleine campagne de Plobannalec, « au croisement de deux petites routes », au cours d’une partie de galoche le 1er mai 2000 ; sur la grève du Reun, laquelle, en bordure de la commune de Treffiagat, ne fait pas partie de Lesconil.

  • Les résultats

Les résultats de cette nouvelle enquête sont consignés dans l’ouvrage déjà cité, édité en langue anglaise en république de Finlande :          

JÄRVILUOMA (Helmi) et al., éd. : Acoustic environnments in change ; SCHAFER (Raymond Murray), éd. : Five village soundscapes, Tampere, 2009.

Ce livre est assorti de quatre disques phonographiques contenant, entre autres, deux des enregistrements réalisés à Lesconil en l’an 2000.

Les scientifiques conclurent que les changements dans l’ambiance sonore de Lesconil n’étaient pas aussi prononcés que dans plusieurs autres des localités étudiées. Ils observèrent que, alors que le nombre de chalutiers quittant le port de Lesconil, le matin du jour choisi pour le dénombrement, avait diminué de 31 en 1975 à 8 en 2000, l’effectif des automobiles avait, quant à lui, considérablement augmenté. D’après les comptages réalisés en un point donné, elles représentaient, en l’an 2000, la moitié du trafic ; les piétons le tiers ; la proportion des bicyclettes restait la même : un vingtième. Les enquêteurs ne laissèrent pas de relever, comme l’avaient déjà fait leurs prédécesseurs en 1975, à quel point la quiétude du village était troublée par les pétarades offensantes des vélomoteurs. L’enquête faite auprès des écoliers aboutit, de même qu’en 1975, à classer les oiseaux, puis la mer, au sommet du palmarès des sons appréciés. Néanmoins, si on faisait des lares (mouettes et goélands) une catégorie distincte, c’était la mer qui occupait la première place.

  • Le complément de 2004

            En septembre 2004, Mme Järviluoma était de retour durant dix jours à Lesconil, dans l’idée d’organiser des promenades de mémoire sonore, à savoir des parcours de groupe à travers le village, destinés à raviver, au contact et à la vue des lieux, la mémoire auditive des indigènes, à faire renaître en eux leurs souvenirs d’ambiances acoustiques du passé. Considérant que, jusque-là, les marins avaient concentré sur eux l’attention des observateurs scientifiques de Lesconil, l’enquêtrice choisit, conformément à la mode du temps, de porter son intérêt sur les femmes et les enfants. A cette fin, avec l’aide de son hôtesse, Jeannie Guilloux, elle recruta deux groupes de femmes. Il s’agissait de faire une promenade à travers des lieux qu’elles avaient beaucoup fréquentés au cours de leur enfance, vers 1950, 1960, en vue de stimuler leur mémoire sensitive, particulièrement leurs mémoires auditive et olfactive. Le procédé s’avéra fructueux, provoquant la résurgence de maints souvenirs assortis de riches commentaires ; il apportait une touche subjective, rétroactive et définitive à l’enquête sur les « environnements acoustiques en mutation ».

  • Que contiennent les enregistrements sonores ?

            Les captations réalisées à Lesconil et dans ses parages en l’an 2000 totalisent quelque 70 minutes, réparties entre 28 séquences ; elles contiennent ce qui suit.

  1. Les sons de la plage du Reun en Treffiagat un après-midi de printemps, parmi lesquels des voix enfantines
  2. Le cliquetis des drisses de voiliers dans le port de Lesconil
  3. Une séance de yachting des enfants du club nautique dans le port de Lesconil
  4. La tapageuse ambiance musicale et chantante du débit de boissons à l’enseigne des Abysses, à Lesconil
  5. Le chant des oiseaux (lares, tourterelles, passereaux, etc.) à Lesconil
  6. Une dégustation de coques chez Jeannie Guilloux à Lesconil
  7. La vente à la criée faite sous la halle à marée de Lesconil
  8. La construction d’une maçonnerie de briques par un homme sifflotant à Lesconil
  9. Le passage de divers véhicules « dans une longue rue droite » à Lesconil
  10. Une noce au Grand hôtel des Dunes, à Lesconil
  11. L’activité des marins dans le port de Lesconil
  12. Le murmure des vagues dans les rochers à Lesconil
  13. L’ambiance paisible du dimanche matin à Lesconil, avec force chants d’oiseaux, lointain tintement de cloches, perturbée par le passage tonitruant d’une pétrolette
  14. Une partie de galoche au croisement de deux petites routes de la campagne de Plobannalec : les voix des joueurs ; les explications sur les règles du jeu données par le président du club, ponctuées du tintement des palets sur la chaussée
  15. La messe de pardon de la chapelle Saint-Brieuc de Plonivel : accueil des fidèles et des enquêteurs, conversations, entrée dans la chapelle ; hymne en français et cantique breton (Da feiz hon tadou kouz) interprétés par le chœur des fidèles accompagné à l’orgue électrique ; discours de l’officiant ; sur le placître, chant breton (Ma zi bihan) interprété a capella par Germaine Le Pape.
  16. Une visite nocturne à bord du chalutier Valparaiso à quai au port du Guilvinec, en cours de déchargement, sous la conduite d’Yvan Guilloux, commentée par ce dernier : descente à bord, ronflement du petit moteur, puis du grand, au démarrage et à l’arrêt ; visites de la passerelle, de la cale frigorifique, de la cuisine.
  17. Le débarquement de la marée d’un chalutier sur le quai au port du Guilvinec
  18. « Les 24 heures de Lesconil » : montage de 24 fragments d’enregistrements sonores d’une durée d’une dizaine de secondes chacun, faits régulièrement sur la place du port de Lesconil à chaque heure d’une même journée.

En septembre 2024, Mme Järviluoma y ajouta deux enregistrements acoustiques, totalisant environ 7 minutes :

1- Un bal celtique (fest-nouz) à la salle de spectacles dite du L.A.C. à Loctudy

2- Une promenade de mémoire acoustique commentée au quartier des Quatre-Vents à Lesconil, en compagnie de Jeannie Guilloux, Jeannie Le Pape, Martine Le Faou, évoquant l’échoppe de peinture de Marie Quiniou, le cordonnier, le bazar de Jeannie Bargain, le bruit sur la chaussée des sabots, des voitures hippomobiles, les exclamations des marins parlant breton, le fracas des tempêtes, la corne de brume du phare d’Eckmühl à Saint-Pierre, le crépitement du feu d’aiguilles de pin sous la galettière…

IV] Une dernière expérience : le reportage sonore de 2009

En 2009, un admirateur de Paranthoën, Christophe Rault, réalisateur d’émissions radiophoniques, se rendit à son tour à Lesconil, sur les traces de son modèle. Il en rapporta un reportage sonore d’une dizaine de minutes, réalisé avec l’aide de Céline Ters, diffusé pour la première fois le 13 octobre 2009 par les ondes hertziennes de la station France Culture, sous le titre de Balade à Lesconil , au cours de l’émission intitulée Les passagers de la nuit. Ce reportage présente peu d’intérêt ; on y entend beaucoup de bruits de vagues, de moteurs, notamment celui du chalutier Gars de Leskon (patron : Marc Le Brun), de cris de goélands ; nulle interview. 

V] Où trouver ces enregistrements sonores ?

Les enregistrements dont il est fait état dans le présent article ont été l’objet soit d’une publication partielle sous forme de bandes magnétiques ou de disques sonores, associés à un livre, soit d’une diffusion radiophonique.

Dans le cas des enregistrements publiés, il faut, pour les écouter, avoir accès aux livres auxquels ils sont annexés ; en France, les exemplaires de ces livres, parus à l’étranger, sont très rares.

Quant aux captations sonores diffusées par voie hertzienne, elles font partie des archives de la radiophonie publique française d’Etat ; à ce titre, elles sont conservées par une institution étatique appelée « Institut national de l’audio-visuel ». Par le moyen des techniques modernes, elles sont audibles à distance dans un certain nombre de lieux agréés par cet institut et équipés à cet effet, dispersés à travers la France.

Il est possible d’en trouver quelques-unes au moyen du réseau électronique Internet. Mais le contenu de cette entité est volatil. Les « localisations » ou « adresses électroniques » de telles sources au sein de ce réseau sont trop souvent éphémères.

  1. L’enquête de 1975 du World soundscape project

Des extraits des captations acoustiques réalisées à Lesconil (ainsi qu’au phare d’Eckmühl à Saint-Pierre en Penmarch) par l’équipe de Schafer en 1975 sont reproduits sous forme de bandes magnétiques sonores de format commercial accompagnant le livre suivant :

SCHAFER (Murray), éd. : Five village soundscapes, Vancouver, 1977. (« L’ambiance sonore de cinq villages »).

Les exemplaires de ce livre, paru au Canada, et par conséquent des bandes magnétiques elles-mêmes, sont très rares en France.

Ces captations sont rééditées, sous forme de disque phonographique (disque n°2 ; sections 4, 5, 6), annexé au livre suivant :

JÄRVILUOMA (Helmi) et al., éd. : Acoustic environnments in change ; SCHAFER (Raymond Murray), éd. : Five village soundscapes, Tampere, 2009.

Les exemplaires de ce livre, paru en Finlande, comme ceux des disques qui l’accompagnent, sont très rares en France.

Néanmoins, dans les deux cas, il ne s’agit que d’extraits. Le reste n’est pas publié. L’intégralité des enregistrements, totalisant quelque quatre heures, est conservée, sous forme de bobines numérotées de 50 à 55, parmi les archives du projet mondial de sonorité des paysages (World soundscape project), au sein de l’université Simon-Fraser, implantée dans trois villes du Canada : Vancouver, Surrey et Barnaby. Toutefois, ils sont audibles à distance par le moyen du réseau Internet, à condition d’obtenir, sur demande expresse auprès de l’université, un mot de passe, à l’« adresse électronique » suivante :

http : //www.sfn.ca/sonic-studio-webdav/srs/Eur.html

  • Le Questionnaire pour Lesconil de Paranthoën

Le Questionnaire pour Lesconil de Paranthoën existe sous deux formes : une version abrégée de 50 minutes et une version d’origine intégrale de 140 mn. La première est publiée dans un disque sonore annexé au livre suivant :

            ROSSET (Christian), éd. : Yann Paranthoën, l’art de la radio, Arles, 2009.

La seconde n’est pas éditée. Elle fait partie, sous la cote PHD99246486, des archives publiques de la radiophonie française d’Etat, accessibles dans les conditions exposées ci-devant.

  • L’enquête sonore de l’an 2000

Cette enquête internationale fait l’objet d’un livre, déjà cité, assorti de quatre disques phonographiques :

JÄRVILUOMA (Helmi) et al., éd. : Acoustic environnments in change ; SCHAFER (Raymond Murray), éd. : Five village soundscapes, Tampere, 2009.

C’est dans le disque n°4 (sections 2 à 16) qu’est contenue une sélection des prises de son réalisées à Lesconil et dans ses environs en 2000 et 2004.

Le reste des enregistrements, datant de l’an 2000, est conservé parmi les archives du laboratoire de l’école nationale supérieure d’architecture de Grenoble appelé Centre de recherche sur l’espace sonore et l’environnement urbain. Ce laboratoire publie ces enregistrements par le moyen du réseau électronique Internet, à l’ « adresse électronique » suivante :

https://aau.archi.fr/cresson/cressound-2025/archives-cressound/lesconil-audio

où on trouve une notice descriptive de chacun de ces 28 enregistrements sonores.

  • Le reportage sonore de 2009

Ce document, diffusé au moins deux fois par ondes hertziennes en 2009, n’est pas édité. Il fait partie, sous la cote 4060733.001, des archives publiques de la radiophonie française d’Etat, accessibles dans les conditions déjà exposées supra.

A Lesconil, notre milieu de vie évolue à un rythme très soutenu. Cette évolution si rapide suscite la nostalgie chez nombre de ses habitants. Contrairement à des préjugés trop répandus, la nostalgie n’est point chose honteuse. Nombre des sons enregistrés à Lesconil en 1975, 1980, 2000, semblent fort banals à nos oreilles, tout comme l’était alors la criée du poisson. Mais, au train où vont les choses, le resteront-ils encore longtemps ?

Pour ce qui regarde les âges reculés, on peut remonter dans le passé de notre commune, de Lesconil en particulier, grâce aux objets, à l’architecture. Pour les trois ou quatre derniers siècles, on dispose d’écrits. A partir du début du XXe siècle, on peut s’appuyer en outre sur des images : peintures, estampes et surtout photographies, cartes postales, bicolores en noir et blanc, puis en polychromie. Désormais, il s’y ajoute des sources historiques sonores, propres à enrichir le tableau, voire à susciter l’émotion à l’écoute de sons et de voix éteints, mais fixés pour la postérité par les enregistrements qu’a voulu révéler le présent article.

Quel autre village de France serait fondé à se prévaloir d’une documentation aussi riche et aussi savante en pareil domaine ?

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